CYNTHIA DANS OUEST-FRANCE

Cynthia est à l’honneur dans un article du journal Ouest-France paru le 05 mars 2025 à découvrir ci-dessous et dont voici le titre:

« C’est ouvert à toutes les femmes »: arbitre internationale de basket, elle veut lever les clichés

À 29 ans, Cynthia Pelé Le Quilliec est arbitre internationale de basket chez les féminines, et officie en N1 masculine. Celle qui est aussi présidente du club des Fréchets (Loire-Atlantique) interviendra lors d’une table ronde sur la mixité dans le sport, jeudi 6 mars au CDOS Vendée, à La Roche-sur-Yon. Elle livre son regard sur la féminisation des fonctions dans le basket, et les freins qui existent encore.

Arbitre internationale de basket chez les féminines, Cynthia Pelé Le Quilliec, 29 ans, officie aussi en Nationale 1 masculine. Également présidente du club des Fréchets, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de la commission société mixités du comité de basket de Loire-Atlantique, elle interviendra, jeudi 6 mars, lors de la table ronde « Engageons-nous pour la mixité dans le sport » organisée par le Comité Départemental Olympique et Sportif de Vendée, à la Maison des Sports de La Roche-sur-Yon. Entretien.

La mixité, c’est une thématique qui vous tient à cœur, sur laquelle vous travaillez notamment dans une commission, au comité départemental de basket de Loire-Atlantique.

Exactement, je suis la présidente de la commission société mixité au comité départemental 44. On est beaucoup, aujourd’hui, sur la féminisation notamment des fonctions qu’on peut trouver dans le basket. Parce qu’aujourd’hui, le basket reste quand même un sport pas loin d’être paritaire, qui est beaucoup pratiqué par les femmes. Pourtant, on constate que sur la fonction entraîneur et la fonction arbitre et dirigeant, il y a un vrai déséquilibre. On travaille sur ce sujet-là aujourd’hui, majoritairement.

On parle souvent de la nécessité des « rôles modèles » féminins, car les arbitres, présidents, entraîneurs que l’on croise sont encore majoritairement des hommes…

Je crois énormément à ce fonctionnement de rôles modèles. Je viens d’un club majoritairement féminin (sur 300 licenciés, on a une trentaine de garçons), à Saint-Nazaire, aux Fréchets. Et en fait, moi, ça n’a jamais été une question de genre, de devenir dirigeante, ou arbitre, ou entraîneur, puisque j’ai fait les trois fonctions. Parce qu’au quotidien, je ne voyais que des femmes entraîner, diriger, coacher, arbitrer. Ça ne m’est jamais venu à l’esprit, dans mon apprentissage, de me dire que c’étaient plutôt les hommes qui étaient concernés par ce genre de fonctions. Et c’est finalement par la pratique, en devenant moi-même arbitre, entraîneure et dirigeante, que j’ai découvert qu’il y avait effectivement beaucoup plus d’hommes que de femmes. C’est pour ça que je m’évertue à être présente le plus possible et à m’engager comme je peux pour montrer que c’est possible aussi, et que c’est ouvert à toutes les femmes. S’il y en a qui le font, c’est que tout le monde peut le faire.

« Ce qui les intéresse, c’est quelqu’un avec des compétences »

Vous qui arbitrez des femmes et des hommes, êtes-vous passée par des obstacles différents, notamment quand vous avez commencé à arbitrer en N1 masculine, il y a huit ans ?

Je n’ai pas senti de différence vis-à-vis des entraîneurs et des joueurs. Eux le disent : ce qui les intéresse majoritairement, c’est quelqu’un avec des compétences. Et quand on a notre tenue d’arbitre, ils ne se questionnent pas si on est une femme ou un homme. Par contre, le rôle de la femme sur un terrain de sport, on peut l’entendre dans les tribunes. Mais venant des acteurs du haut niveau, ce n’est pas une chose à laquelle j’ai été confrontée. La seule différence que je peux noter entre mes collègues masculins et mes collègues féminines, c’est que nous, par exemple, avec des joueurs, on n’aura jamais d’affrontement physique. Les hommes, quand ils se retournent vers nous, s’ils veulent nous contester, ils ne vont pas venir faire tête contre tête, comme on l’a vu au foot récemment. Sinon, on a une égalité de traitement, et tout ce qu’on attend d’un arbitre, ce sont ses compétences.

Ligue 1. Êtes-vous favorable à un retrait de points pour sanctionner les dérapages contre les arbitres ?

En huit saisons en N1 masculine, avez-vous vu de plus en plus de femmes arriver ?

Il y en a qui arrivent. Je crois qu’on est un peu moins de dix en Nationale 1 masculine. Aujourd’hui nous avons Amel Dahra en première division, il doit y avoir deux ou trois femmes en deuxième division. Ça manque encore un peu, et j’espère que ça continuera à venir. On voit dans les chiffres qu’au début, au niveau départemental, on a un certain nombre de femmes, et puis plus on avance en niveau, moins il y a de femmes. C’est sur ce sujet-là qu’il faut travailler, pour comprendre quels sont les freins pour les femmes, pour essayer de continuer leur carrière et d’aller chercher le haut niveau quand c’est possible.

« Des protocoles mis en place pour la maternité »

Hormis le plafond de verre qu’on évoque souvent, le fait que les femmes osent peut-être moins que les hommes, on a du mal à expliquer ce phénomène ?

On a beau faire des sondages et essayer de comprendre… Alors, il y a quelque chose qui revient quand même relativement souvent, lié à la maternité. Mais aujourd’hui, il y a des protocoles mis en place avec la possibilité d’être en année sabbatique le temps de la grossesse et de la maternité ensuite, et de reprendre au niveau où on était auparavant. Ça, c’est fait au niveau français et au niveau international, pour que ce ne soit pas un frein. Est-ce qu’il faut une évolution sociétale ? Est-ce qu’il faut encore continuer les rôles modèles ?

Lauriane Dolt, coach de N1 masculine, a notamment vécu une grossesse, en activité. Un exemple comme le sien peut-il inspirer une génération de jeunes femmes ?

J’espère ! L’image qu’elle renvoie, c’est effectivement ce qu’on recherche : qu’on ne se pose pas la question que ce soit un homme ou une femme. Elle suit sa carrière, celle qu’elle voulait avoir, elle coache chez les masculins, et je ne connais pas de joueur qui se plaigne du fait que ce soit une femme. C’est son niveau technique qui compte, et je pense que ses résultats ces dernières années prouvent que peu importe le genre, elle a totalement sa place là où elle est.

Lauriane Dolt, la saison dernière avec Mulhouse, face à Caen. | GUILLAUME MARIE

À votre avis, quels sont les défis de demain pour le sport, en termes de mixité ? Faut-il prendre encore davantage le sujet en main ?

Je pense que oui. Mais je pense que c’est aussi délicat, parce qu’on a beaucoup fonctionné avec des discriminations positives. Et ça, c’est délicat notamment pour les hommes. Nous, par exemple, dans notre cursus d’arbitre, il y a beaucoup de sélections où il y a parfois trois places, mais forcément une place qui est réservée à une femme. Ça, je sais que ça peut apporter une mauvaise image. Je pense qu’il faut continuer à travailler sur le sujet et essayer de rendre ça équitable, et lever ces clichés qui peuvent exister, encore, sur le rôle et sur la place de la femme dans la société en général. On entend encore trop qu’on ne peut pas avoir de responsabilités à certains niveaux. À haut niveau, j’entends facilement, dans les tribunes, à la moindre erreur, que de toute façon, notre place, elle n’est pas là. Le haut niveau semble encore appartenir à la sphère masculine, dans l’imaginaire. Nous, tout ce qu’on veut, c’est parler d’un arbitre, de ses compétences en tant qu’arbitre, et pas les relier au genre. Les hommes commettent autant d’erreurs que les femmes, et pourtant, on ne parle pas de leur genre à l’issue de la rencontre.

 

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